Le sanctuaire de Verdelais dans l'Entre-deux-Mers
Le Sanctuaire de Verdelais, de la basilique au calvaire dans l'entre-deux-mers.
Suivez-moi de la basilique au calvaire du sanctuaire de Verdelais, pour une promenade en pleine nature.
Envie d'une petite randonnée pour respirer le grand air dans la verdure ? Curieux d'en connaître plus sur le pèlerinage de Verdelais ? Ce sont toutes ces raisons qui m'ont poussée à prendre mon sac à dos et ma gourde le 1er dimanche matin « dé-confiné » de mai 2020 sous un beau soleil printanier.
Plantons le décor : Verdelais
C'est une petite commune de l'Entre Deux Mers à une quarantaine de kilomètres au Sud-Est de Bordeaux. J'ai quitté les bords de Garonne et monte la route qui me mène au centre-ville, je me gare sur une jolie petite place le long des « Allées de Verdelais », faisant face à la basilique. Le soleil brille, il fait bon, j'aperçois déjà le cimetière à droite de l'église. Je passerai voir Henri (de Toulouse Lautrec), enterré là avec sa mère, mais cet épisode fera l'objet d'un autre coup de coeur.
La naissance du pèlerinage de Verdelais
Dans la première moitié du 12ème siècle, un chevalier originaire de St Macaire, Géraud de Graves, revient de croisade. Il s'installe en ermite dans le vallon du Luc, ou « Pas de la Mule », prés du Galouchey, le petit ruisseau voisin. Il y place une statue de la Vierge, certains disent qu'il la lui-même sculptée pendant la croisade. Suite à plusieurs miracles, le pèlerinage de Verdelais est né, il y a environ 900 ans. Un siècle après (ou deux ? les sources diffèrent), la statue est cachée pour être protégée. A la fin du 14ème siècle, la mule de la Comtesse Isabelle de Foix, venue visiter ses terres de Benauges, s'arrête net devant une pierre (là encore il y a différentes versions). En soulevant cette pierre, la statue de la vierge serait réapparue. On bâtit alors une nouvelle chapelle qui sera malheureusement détruite pendant les guerres de religion, d'où la reconstruction de l'église actuelle. L'église de Verdelais est élevée au rang de basilique mineure en 1924 de par le rayonnement de son pélerinage.
La basilique
Je pousse la porte et découvre un sanctuaire dont les épais murs rappellent une origine médiévale, le reste m'interroge. Un mélange de style avec, à l'extérieur, une ancienne fenêtre bouchée dans la maçonnerie faisant face au cimetière, et le reste de l'ensemble, dont les vitraux, me font pencher pour un gros remaniement au fil des siècles et particulièrement au 19ème. Après quelques recherches mes doutes s'avèrent exacts. Dans la basilique, au 1er rang, je vois un père avec 5 bambins assis sur les premières chaises. Ils se lèvent, les 2 fillettes aux robes d'été légères s'approchent des bougies prés de l'entrée et restent un court instant, l'un des garçon porte une bible, j'ai l'impression d'être un fantôme car pas un ne me regarde. Ils se signent en s'agenouillant avant de pousser la porte de sortie. Le sanctuaire est « tout à moi ». J'essaie de m'imprégner de l'ambiance. J'hallucine du nombre d'ex-voto, ces offrandes offertes à un dieu pour demander une grâce ou en remerciement de l'accomplissement d'une prière, les petites plaques tapissent les murs. Je reste une dizaine de minutes. La petite chapelle située à droite de l'entrée m'interpelle. Des béquilles y sont suspendues, des anciennes, des récentes, le tout donne quelque chose d'assez curieux...
Allons voir ce qu'il se passe dehors.
LA RUE DE CUSSOL
A droite de la basilique, longeant le cimetière, une voie en escalier, pavée et fleurie, grimpe vers le Mont Cussol. Au bout, un petit édifice dont le parvis est tapissé de marguerites qu'un rayon de soleil éclaire. C'est la chapelle de la Sainte-Agonie.
A droite, le portail d'entrée au chemin de croix est fermé.
Le fichu virus a sévi même ici et l'accès est barré. Grosse déception. Tant pis, j'emprunte le chemin qui longe par la gauche le petit bâtiment. Une chanson résonne dans ma tête « ce petit chemin, qui sent la noisette, ce petit chemin, n'a ni queue ni tête ». La végétation fait effet tunnel et je vois de la lumière en haut, au bout. J'y vais.
Le Chemin de croix de Verdelais
Je me rends vite compte qu'à ma droite je peux voir toutes les stations du chemin de croix menant au calvaire. Les petites chapelles blanches semblent bien abîmées. De style néogothique, elles ont été réalisées dans les années 1860 par l'architecte Duphot et présentent, au dessus de leur autel, des hauts-reliefs de grès céramique. Ceux-ci, sculptés par un certain Clerc, nous rappellent les épisodes de la Passion du Christ. En piteux état, des étaies de bois en maintiennent l'équilibre fragile. En haut, j'aperçois plusieurs bâtiments, probablement destinés à accueillir les pèlerins. Il y a même une maisonnette de gardien, porte entrouverte à tous vents, c'est pour le moins pittoresque. On se croirait tombés dans une faille spatio-temporelle. Ici le temps semble s'être arrêté.
Là aussi, si les portails sont fermés, cependant aucune clôture ne protège réellement les lieux, ce qui a du contribuer aux dégradations... mais ce qui me permet de me faufiler entre les haies (chuuut...) pour observer le tout de plus près. Plus loin, j'entrevois la chapelle du Saint Sépulcre qui paraît attendre qu'on daigne lui rendre visite.
Je retourne sur le chemin car le bout du tunnel n'est pas loin et je peux déjà apercevoir le moulin de Cussol. La lumière m'attire, et après avoir été plongé dans la moiteur, l'obscurité et l'étroitesse de ce tunnel, la vue de ce « sommet » lumineux et dégagé est irrésistible. Tout ça me paraît très freudien, ç'en est frappant. Ce chemin me paraît faire écho à ce que le monde vient de vivre. Un chemin incertain et étroit, un repli forcé, un tunnel dont on profite pour une introspection mais dont on espère sortir bientôt, puis une renaissance, l'éclat de la lumière et de l'espace.
Mais laissons les analyses de bas étages de côté. Je fais le tour du moulin, profite de la vue qui s'offre comme un cadeau et l'opportunité de prendre de la hauteur, de grandir... J'aperçois enfin le calvaire.
LE CALVAIRE
Un autre chemin, on bifurque, on fait le choix de s'y aventurer. Là aussi la montée des marches est interdite, par sécurité. Il faudrait 1 350 000 € pour réaliser la totalité des travaux de restauration de cet ensemble classé Monument Historique depuis 2010.
Les croix de bois élevées dans les années 1850 et bénies par le Cardinal Donnet ont été remplacées par des croix de métal dans les années 1860 car l'une d'elle avait été foudroyée. Aujourd'hui, les socles ont été restaurés grâce aux dons mais le reste du chemin de croix reste fragile et nécessite de l'entretien, aussi bien au niveau du chemin lui-même que des stations.
L'ensemble "chemin de croix - calvaire" aujourd'hui
N'appartenant plus au diocèse de Bordeaux depuis quelques années, c'est la commune de Verdelais qui doit veiller à la sécurité du site comme à celle des pèlerins, et qui invite tout un chacun à faire un don en prenant contact avec la mairie à l'adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. A votre bon cœur...
En tout cas, la balade valait le détour, et l'Entre-Deux-Mers ne manque pas de sentiers de randonnée bucoliques à souhait. La prochaine fois, on va où ?
Si cette petite promenade virtuelle vous a plu, n'hésitez pas à me contacter et à visiter ma page pro ou mon profil.
Pour en savoir un peu plus sur l'ensemble :
Sanctuaire de Verdelais, la page
Site du ministère de la culture
Mots-clés: En famille, BordeauxMonGuide, Verdelais, Entre-Deux-Mers, Pèlerinage